Page 6 - La Gatineau 24 mars 2016
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6 24 mars 2016 LaGatineau
LE TRANSPORT DE COPEAUX DE RÉSOLU-MANIWAKI
Un trou de 6 millions $ dans l’économie régionale
JEAN LACAILLE
jlacaille@lagatineau.com
GRAND-REMOUS – Produits forestiers Résolu de Dolbeau-Mistassini vous informe que le contrat de transport des copeaux de l’usine des Produits forestiers Résolu de Maniwaki vers les Produits forestiers Résolu à Gatineau pour les trois prochaines années a été octroyé à l’entreprise Transforce d’Amos en Abitibi-Témiscamingue, creusant un trou de 6 millions $ dans l’industrie val-gatinoise.
Pourtant, tout augurait bien pour l’entreprise de camionnage Rock et Pauline Patry de Grand-Remous. Nous avons rencontré les propriétaires au siège social de leur entreprise à Grand-Remous vendredi soir dernier. «Dans un entretien téléphonique récent, M. Pierre Levasseur, représentant des Produits forestiers Résolu de Dolbeau- Mistassini, m’avait confié que nous avions fait nos devoirs avec notre soumission qui répondait à tous les critères de l’appel d’offres. Il a même ajouté que c’était maintenant le temps pour PFR de faire ses devoirs à l’endroit d’une entreprise locale, la seule de la Vallée- de-la-Gatineau à avoir présenté une soumission dans le but ultime d’obtenir le contrat de transport de trois ans que j’évalue à 6 millions $», précise Rock Patry, amèrement déçu par la tournure des événements.
Sept autres entreprises de Mont-Laurier, Ferme-Neuve, Gatineau, de l’Abitibi- Témiscamingue, Lac Saint-Jean et du Pontiac, ont présenté des offres à PFR pour obtenir cet important contrat.
Stupéfaction
Rock Patry s’attendait donc à une réponse favorable à son entreprise. «J’ai été surpris d’apprendre, le 16 mars dernier, (à 11h),
que nous n’avions pas le contrat qui avait été préalablement octroyé à la compagnie Transforce d’Amos en Abitibi- Témiscamingue, une filiale de la multinationale Groupe Saputo. PFR Maniwaki fera donc transporter ses copeaux par une entreprise de l’extérieur comme ce fut le cas ces trois dernières années avec Transports Serge Beauchamps de Mont- Laurier. C’est un non-sens !»
La mémoire courte
Rock et Pauline Patry rappellent aux décideurs de PFR que les industriels val- gatinois ont appuyé la compagnie dans sa bataille contre Green Peace et le gouvernement du Québec concernant les approvisionnements en bois de même que l’aide apportée en encourageant le dialogue avec les Algonquins de Lac Barrière pour que la compagnie puisse poursuivre ses opérations de coupe dans ce secteur du parc La Vérendrye.
Le président national de PFP, M. Richard Garneau, avait même prononcé une conférence à Maniwaki ayant été l’invité de la Chambre de commerce et d’industrie de Maniwaki- Vallée-de-la-Gatineau. Il avait alors reçu l’appui inconditionnel des membres de la Chambre de même que du préfet Michel Merleau et les maires de la MRC de la Vallée- de-la-Gatineau. Le préfet Merleau s’était même lancé dans une croisade en faveur de PFR en affirmant qu’il était temps que le milieu favorise un bon dialogue avec les grands donneurs d’œuvre dans la région.
«C’est toute une reconnaissance pour notre région. Cette décision me fait douter que PFR soit un bon citoyen corporatif. D’autant plus que la compagnie n’était pas obligée d’accepter ni la plus haute, ni la plus basse ni aucune des soumissions qui lui ont été présentées. Cette décision pourrait être fatale à notre entreprise.
▲ Pauline et Rock Patry croyaient en leurs chances d’obtenir le contrat de transport de copeaux vers Gatineau de l’usine PFR-Maniwaki. «Nous sommes allés jouer dans la cour des gros. Nous étions la seule entreprise val-gatinoise en lice pour l’obtention de ce contrat de trois ans qui débute le 1er mai prochain pour les trois prochaines années. Dommage !»
«Il faut apprendre à travailler ensemble» - Michel Merleau
Dans les circonstances, il est très difficile de continuer de se battre», estime Pauline Patry.
Les opérations de transport débutent le 1er mai prochain. Il ne semble pas, selon Rock et Pauline Patry, que Transforce soit prête puisque la semaine dernière, une pancarte sur la façade du garage Bergeron à Amos indiquait : «Brokers et chauffeurs demandés !»
Ça fait mal !
Parlant «d’une loi de la jungle», difficile à comprendre, Rock Patry affirme que son entreprise a l’expertise voulue pour ce type de transport. «Nous avons des chauffeurs un peu partout au Québec, en Ontario et au Nouveau Brunswick. Cette décision de PFR fait mal à notre entreprise. Nous sommes en affaires
depuis 22 ans avec la papetière de Québec. Je ne comprends pas cette décision. Si nous avions obtenu le contrat, nous aurions créé une quinzaine d’emplois de plus dans la Vallée-de- la-Gatineau qui en a grandement besoin par le temps qui court. Confrontée à une multinationale, je vois que notre entreprise ne pèse pas lourd dans la balance.»
La Gatineau a appris d’un camionneur, très au fait dans le domaine du transport du bois, que le groupe Transforce exerçait un véritable monopole dans ce domaine. «Transforce achète tout ce qui roule au Québec. L’entreprise compte pas moins de 1 000 camions partout au Québec, en Ontario et aux Etats-Unis. Qu’elle ait obtenu ce contrat ne m’étonne aucunement.»
JEAN LACAILLE
jlacaille@lagatineau.com
DÉLÉAGE – Rencontré dimanche matin alors qu’il participait au déjeuner Centraide du maire Bernard Cayen à Déléage, le préfet Michel Merleau a bien voulu commenter la décision de ProduitsforestiersRésolu(PFR)deconfierle transport des copeaux de son usine de Maniwaki vers Gatineau à une entreprise de camionnage d’Amos en Abitibi-Témiscamingue.
«J’ai parlé avec M. Rock Patry. Son entreprise est arrivée deuxième dans le processus d’appel d’offres. La décision, dans ce cas, est prise. On ne peut rien y faire. Si nous avions su avant que la décision se prenne que cette entreprise locale avait présenté une offre à PFR, nous aurions pu intervenir et favoriser l’octroi du contrat à une entreprise de la Vallée-de-la-Gatineau. La MRCal’obligationdes’impliquerdansces décisions. Nous devons donc développer un réflexe de communication constante entre nous.»
En affirmant que la région avait une leçon à
retenir dans ce cas précis, le préfet Merleau croit qu’il serait important de regrouper les grands donneurs d’emplois de la région que sont PFR, Louisiana Pacific, le Groupe Lauzon, la Commission scolaire des Hauts-Bois-de- l’Outaouais, le Centre intégré de santé et de services sociaux de l’Outaouais, etc., et se mettre au diapason des projets susceptibles de favoriser l’essor économique et social de la Vallée-de-la-Gatineau.
«C’est comme si on avait pas assez souffert. Il faut apprendre à travailler ensemble. Il faut créer
un mouvement vers un rassemblement de la communauté d’affaires. Favoriser les rencontres afin d’analyser l’échiquier et prévenir les coups avant qu’ils ne surviennent. Si nous avions su que Rock et Pauline Patry avaient présenté une soumission à PFR pour l’obtention de cet important contrat, nous aurions pu réagir en appuyant ces entrepreneurs et en faisant valoir leursavoir-faire.»
Le préfet rencontre M. Paul Grondin, représentant de PFR, demain (vendredi). Il sera sûrement question de ce dossier particulier.


































































































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