Page 4 - La Gatineau 11 septembre 2014
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4 11 septembre 2014 La Gatineau
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Pas de commission d’enquête
▲ Un vibrant hommage a été rendu, au parc Nagishkodadiwin, aux jeunes filles portées disparues.
KITIGAN ZIBI ANISHINABEG - Le chef de Kitigan Zibi, Gilbert Witheduck, a souligné que cette marche annuelle permet aux familles, amis mais aussi à l’ensemble de la communauté de s’assurer que Maisy et Shannon ne seront jamais oubliées.
Il a souligné que les discussions avec le gou- vernement canadien, concernant le problème des femmes autochtones portées disparues ou assassinées, n’ont toujours pas abouti à une solution qui convienne aux Premières nations: «Le gouvernement continue de le voir comme une simple affaire criminelle. Cela doit chan-
ger, le futur de notre nation est en jeu.»
Par ailleurs, comme il le rappelle chaque année, le chef Witheduck est convaincu que «quelqu’un quelque part sait quelque chose. J’appelle ces personnes à faire ce qui est bien et honorable, en venant dire la vérité».
En terminant, le chef Witheduck a émis le souhait que «le monde continue d’apporter son support pour toutes les filles des Premières nations disparues. Je prie aussi pour que ce que les familles Odjick et Alexander vive ne soit pas vécu par d’autres personnes».
Canada, estime qu’une enquête pourrait prendre des années et elle aimerait qu’un groupe de travail fédéral-provincial soit mis sur pied rapidement pour accélérer les choses.
En mai, la GRC a publié une étude de 1 181 cas liés aux femmes autochtones depuis 1980. L’étude a révélé que les femmes autochtones représentent 4,3% de la popu- lation canadienne, mais 16% des homicides chez les femmes et 11,3% des cas de dispa- ritions de femmes. Plus de 1 200 femmes autochtones ont été portées disparues ou assassinées au Canada au cours des 30 der- nières années. En 2013, 164 femmes autochtones étaient portées disparues. Parmi elles, les jeunes Maisy Odjick et Shannon Alexander, de Kitigan Zibi, dont on est sans nouvelles depuis 6 ans.
KITIGAN ZIBI ANISHINABEG - Les chefs des gouvernements provinciaux du Canada et les leaders autochtones ont demandé dernièrement au gouvernement fédéral la mise en place d’une commission nationale d’enquête, concernant le dossier des femmes autochtones assassinées ou
«On doit
demander
justice»
KITIGAN ZIBI ANISHINABEG - «Nos sœurs se font enlever, nos sœurs disparaissent et on demande justice, a déclaré Viviane Michel, présidente des Femmes autochtones du Québec. Je suis une mère de famille et moi aussi j’aurais mal de vivre un tel cauchemar.»
Viviane Michel a aussi lancé un appel au gouvernement fédéral : «On doit demander justice à ce gouvernement qui est encore sourd, muet, qui nous met complètement dans l’ignorance. Parce qu’on est femmes, parce qu’on est Autochtones, ça ne vaut pas la peine : c’est le message qu’on entend de ce gou- vernement Harper.»
Elle appelle tout le monde à «dénoncer l’injustice. Il faut qu’on raconte, pas juste le 6 septembre. Il faut qu’on raconte que ça se passe tous les jours. On va sortir des chiffres en janvier 2015 ici au Québec, on est en pleine recherche».
disparues. Cet appel est survenu moins de deux semaines après la découverte du corps d’une Autochtone de 15 ans dans la rivière Rouge, à Winnipeg.
Le Premier ministre Harper a refusé, estimant qu’il ne faut pas y voir un «phé- nomène sociologique» et que la majorité des cas devraient être traités par la police. Pourtant, plusieurs voix se sont élevées pour cette commission : celles des organi- sations autochtones et de l’Assemblée des Premières Nations mais aussi des partis d’opposition, de gouvernements provin- ciaux, de Human Rights Watch, d’Amnis- tie internationale, de l’Organisation des Nations unies.
Michèle Audette, présidente de l’Asso- ciation des femmes autochtones du
MAISY ET SHANNON N’oublions pas ces
▲ Les familles des deux jeunes filles disparues. À gauche, le frère et la mère de Maisy Odjick. À droite, les parents de Shannon Alexander.
KITIGAN ZIBI ANISHINABEG - Le danger avec le temps, serait de les oublier. C’est pourquoi chaque année, familles, amis, membres de la communauté, participent à une marche suivie d’une vigile en souvenir de Shannon Mary Mathewsie-Alexander et Maisy Odjick, portées disparues depuis le 6 septembre 2008.
Les marcheurs sont partis du Home Hardware, avec dans les mains des portraits de Maisy et Shannon. Ils sont allés jusqu’au parc Nagishkodadiwin, en face du Château Logue, où un vibrant hommage a été rendu aux jeunes filles. Parmi les participants, il y avait notam- ment le chef de Kitigan Zibi, Gilbert Witheduck, la présidente de l’Association des femmes autochtones du Canada, Michèle Audette, et la présidente des Femmes autochtones du Québec, Viviane Michel. En revanche, aucun représen-
tant politique n’était présent.
Les parents des victimes ont livré un dis- cours chargé en émotions, rappelant que pour eux la blessure n’est toujours pas refermée. «Beaucoup pensent que c’est une cause perdue, a déclaré Brian Alexander, le père de Shannon. C’est ce que Steven Harper veut que vous pen- siez. Mais si c’était son fils ou un de ses ministres, il ferait quelque chose. Ma fille avait fait cinq ans de cadets, on aurait pu penser qu’on nous aurait aidé à la chercher. À la place, on a dit qu’elle s’était sauvée ou qu’elle était accro à la drogue. Ma fille était une bonne per- sonne, elle n’est pas ce qu’ils l’accusent d’être et Maisy non plus. Je ne sais pas quoi dire mais je sais que ce qu’ils font contre nous n’est pas correct.»
Laurie Odjick, mère de Maisy, a aussi livré un vibrant témoignage : «Nos jours ne
«Ne jamais les oublier»
«Il faut un plan d’actions»
KITIGAN ZIBI ANISHINABEG - Michèle Audette, présidente de l’Associa- tion des femmes autochtones du Canada, a commencé son allocution en ayant une pen- sée pour les familles des victimes : «Des personnes diront qu’il faut des actions. Des personnes diront qu’on a besoin de justice, protection, dignité, plein de choses. Mais que peut-on dire à une mère, un père, un frère, une sœur. Je cherche encore ce que je peux dire pour encourager les milliers de familles que nous rencontrons, écoutons, au fil des années.»
Michèle Audette a aussi émis des cri- tiques envers le gouvernement Harper dans la gestion de ce dossier :
«Il n’y a pas si longtemps, le monde disait non, il n’y a pas tant de filles des Premières nations qui se font kidnaper au Canada. On disait, ça se passe à Vancouver. Les tristes chiffres montrent qu’elles sont près de 1 200, mais je crois que c’est plus. Je ne suis pas la seule à le croire. Un homme au Canada (Stephen Harper, NDLR) dit non, on n’a pas besoin de ce genre de justice, la police va s’en occuper et trouver des solu- tions.» Pourtant, Michèle Audette a rappelé que la communauté internationale, les Premiers ministres canadiens, plus de 30 000 personnes ayant signé une pétition, réclament «un plan d’actions pour mettre fin à la violence».


































































































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