Page 6 - La Gatineau 30 juin 2016
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6 30 juin 2016 La Gatineau
PREMIÈRE CONSULTATION SUR L’ÉTUDE DE FUSION
Les 100 personnes présentes disent non
DÉLÉAGE - Près de 100 personnes étaient présentes lundi soir à la première rencontre d’information et de consultation organisée par la municipalité sur l’étude d’opportunité d’un regroupement entre Aumond, Déléage, Maniwaki et Sainte- Thérèse-de-la-Gatineau. À l’issue de la réunion, le maire Bernard Cayen a demandé aux gens qui sont contre le projet de se lever. Bilan : tout le monde était debout.
Deux personnes du ministère des Affaires municipales étaient là pour présenter le document de 62 pages, qui a été distribué au public : Marc-André Complaisance, conseiller aux opérations régionales, et Catherine Bellemare, conseillère en Affaires municipales. Ils ont livré les résultats de l’étude tout en répondant aux questions du public, qui en avait beaucoup à poser et qui dès le début de la rencontre n’a pas caché son opposition à une fusion. «Notre objectif n’est pas de vous vendre cette étude contre votre gré, a tenu à préciser Bernard Cayen. C’est de vous la présenter, de dire voici si on veut s’en sortir ce qui est le plus favorable. Mais
à partir du moment où les gens sont bien informés et décident que, même si ça paraît favorable, ils n’en veulent pas et sont prêts à continuer à assumer les accroissements de taxes des dernières années, c’est tout à fait correct.»
Marc-André Complaisance a rappelé que les conseils de chacune des municipalités ont adopté en juillet 2015 une résolution afin de solliciter le MAMOT pour une étude de regroupement. Un comité de travail a été mis sur pied avec des représentants de chaque municipalité ainsi que les directeur(rice)s généraux. L’étude a finalement été déposée en mai 2016.
Selon cette dernière, la nouvelle ville compterait 6 852 habitants, s’étalerait sur 579,23 kilomètres carrés et aurait une richesse foncière uniformisée de 493 796 627$. L’étude présente un scénario de budget de la nouvelle ville pour l’an 1, en s’appuyant sur les données des prévisions budgétaires de chacune des municipalités pour 2015 et sur le niveau de services actuel.
▲ Près de 100 personnes ont assisté à la première consultation publique organisée lundi par la municipalité. Le maire Bernard Cayen et deux personnes du MAMOT ont présenté l’étude et répondu aux questions du public.
Ce que dit l’étude
Plusieurs craintes exprimées
LA GATINEAU - Suite à l’analyse des dépenses, les économies pressenties sont les sui- vantes : 112 965$ pour le conseil municipal, 330 365$ pour l’administration générale et 144 000$ pour les investissements non-récurrents. Cependant, des dépenses supplémentaires sont prévues : 10 000$ pour maintenir le niveau de service actuel par l’entremise du Réseau Biblio de l’Outaouais ; 281 755$ pour ajuster les salaires des employés municipaux afin de les aligner sur les conditions salariales des employés de Maniwaki. L’économie nette résultant du regroupement est donc évaluée à 295 575$, ce qui représente 2,11% des sorties de fonds actuelles des quatre municipalités. «Les écono- mies qui pourraient subvenir des achats regrou- pés ou des mises en commun de machinerie n’ont pas été comptabilisées, a précisé Bernard Cayen. On a présenté l’étude en mettant le maximum de dépenses, pour pas qu’il y ait de mauvaises surprises.»
Chaque municipalité devra conserver sa dette et la payer, soit 45 478$ pour Aumond, 672 142$ pour Déléage, 7 655 463$ pour Maniwaki et 234 782$ pour Sainte-Thérèse-de-la-Gatineau. De même, au lendemain d’un regroupement, les surplus et réserves de chacune des municipalités seraient réservés à des investissements sur leur territoire respectif, soit 28 302$ pour Aumond, 607 616$ pour Déléage qui rembourserait alors sa dette, 2 649 758$ pour Maniwaki et 19 924$ pour Sainte-Thérèse.
Le taux de taxation passerait, pour Maniwaki, de 1,2349 du 100$ d’évaluation à 1,1104$, ce qui inclut la taxe générale et une taxe pour rembour- ser la dette ; pour Déléage, de 0,8951 à 0,8830 ; pour Aumond, de 1,1061 à 0,8830 ; pour Sainte- Thérèse, de 0,8283 à 0,8830. Là où le bât blesse, c’est que l’impact d’un regroupement sur la charge fiscale révèle qu’une fusion se traduirait par une baisse du compte de taxes pour la majo- rité des résidents actuels des quatre municipali- tés, à l’exception des résidents de Déléage qui ne sont pas desservis en aqueduc et égout (on parle d’une hausse de 63$, 57$, 51$, 45$ et 39$, pour des maisons évaluées respectivement à 50 000$, 100 000$, 150 000$, 200 000$ et 250 000$) et les résidents de Sainte-Thérèse dont la propriété est évaluée à plus de 150 000$ (on parle d’une hausse de 1$, 28$ et 55$). Par ailleurs, la taxe sur la valeur locative (taxe d’affaires) de la Ville de Maniwaki serait appliquée sur l’ensemble du ter- ritoire. Pour atténuer cet impact, des mesures sont prévues afin d’étaler cette hausse sur 20 ans.
La rémunération des élus de la nouvelle ville est basée sur celle de la Ville de Maniwaki,
laquelle serait bonifiée à 60 000$ pour le maire, 7 400$ pour le pro-maire et 20 000$ pour les conseillers municipaux, incluant les allocations. En attendant les prochaines élections munici- pales, un conseil provisoire devrait être mis sur pied pour assurer la transition, avec deux repré- sentants par ancienne municipalité. Ensuite, il serait possible d’avoir une représentation équi- table des quatre municipalités pendant deux mandats maximum et le maire serait élu au suf- frage universel.
Pour ce qui est des employés municipaux, la loi sur l’Organisation territoriale municipale prévoit qu’aucune mise à pied ne peut être faite dans le cadre d’un regroupement.
Du côté des services, selon l’étude, pour la sécurité incendie et la voirie municipale, «il y aurait possibilité d’économies à moyen terme en ce qui concerne les ressources matérielles». Pour l’aqueduc, «l’uniformisation de la tarification, de manière à financer le coût net du service, dimi- nuerait considérablement la charge pour les rési- dents de Déléage, tandis que celle des résidents de Maniwaki resterait sensiblement la même». Pour les égouts, il y aurait diminution pour les résidents de Maniwaki et augmentation pour ceux de Déléage. Pour les matières résiduelles, à la fin des contrats de service en vigueur, une réé- valuation de la desserte de service devrait être réalisée. En terme de loisirs, il y aurait possibilité de mieux structurer les activités sur l’ensemble du territoire. Enfin, côté logement social, à l’heure actuelle les places sont accordées en prio- rité aux résidents de Maniwaki.
Concernant les services de la Sûreté du Québec, les municipalités seraient considérées comme non regroupées sur une période de 8 ans plus 3 ans dégressifs. «Il y aurait donc aucun changement à court terme, a expliqué Marc- André Complaisance. Par contre, au terme de la mesure de neutralité il y aurait un perte finan- cière pour la nouvelle municipalité.» On parle d’une différence de 223 000$ à la hausse pour les quatre municipalités si elles étaient regroupées, car plus une municipalité est grosse plus elle paye cher. «Des mesures de neutralité financière permettent de reporter cette hausse dans le temps, a ajouté Marc-André Complaisance. Dans le cadre du programme pour la SQ , c’est 8 ans plus 3 ans dégressifs.» Bernard Cayen a précisé que cela fait partie des irritants de l’étude qu’il faudrait négocier.
À noter que tous les bureaux municipaux seraient maintenus, sauf celui de Déléage où la salle communautaire serait cependant conservée.
DÉLÉAGE - Au fil des questions, le public a notamment exprimé une certaine méfiance vis-à-vis des chiffres du ministère et la crainte que dans les années qui suivront la fusion les taxes augmentent ou encore que l’évaluation des maisons soit revue à la hausse. Il faut savoir que la nouvelle municipalité ne serait pas liée par cette étude, il s’agit seulement d’un document destiné à présenter un portrait. Par ailleurs, des résidents pensent qu’une fusion serait surtout avantageux pour Maniwaki.
Une autre peur qui a été soulevée : celle de perdre la caserne d’incendie de Déléage, en raison de la proximité avec celle de Maniwaki. Le maire a répondu que cela n’a pas du tout été évoqué dans l’étude, ce serait au nouveau conseil municipal de décider.
Mais surtout, des résidents ont demandé quel serait l’avantage pour eux d’accepter une fusion alors qu’ils vont payer plus cher. Bernard Cayen a répondu que «on va avoir accès aux logements à prix modique de l’Office d’habitation. On va développer un service informatique, ce qu’on a dans aucune des municipalités actuellement. En redéployant le personnel, on va former des
gens pour pouvoir profiter de tous les programmes de développement économique. En ayant une vision commune, on va se donner une vision de développement et on va tous travailler dans la même direction. En mettant les choses en commun, on va réaliser des économies.» Pour le maire l’équation est simple, alors que la population baisse et les taxes augmentent, plus on est petit, plus la facture est lourde afin de conserver les services.
Deux autres consultations sont prévues ce mercredi 30 juin et vendredi 8 juillet, toujours à 19h. Par la suite, selon le pouls de la population, il sera décidé si la municipalité poursuit le processus ou non. Si elle continue, il faudra négocier certains points. Ensuite, le document final sera présenté à la population à l’occasion d’une deuxième ronde de consultations, supervisée par le ministère, pour décider si les quatre municipalités fusionnent ou non. La municipalité n’est pas obligée de tenir un référendum ou un registre. Mais Bernard Cayen a assuré que s’il y a une très forte opposition, le conseil municipal votera pour ne pas aller plus loin.
Une manifestation prévue mardi
DÉLÉAGE - Des résidents de Déléage appellent à manifester mardi 5 juillet afin de protester contre le projet de fusion. Des pamphlets ont été distribués dans les boîtes aux lettres des citoyens de la municipalité afin d’annoncer cette manifestation. Le rassemblement est prévu à 18h30, devant la salle communautaire, juste avant la réunion du conseil municipal.
Sur le dépliant, il est écrit notamment : «Manifestons-nous, unissons-nous, rassemblons-nous et participons en grand nombre à cette rencontre organisée afin de dire non à la fusion avec Maniwaki. Pensons à notre avenir, à nos enfants, à nos petits- enfants, agissons avant qu’il ne soit trop tard
(...) Nous passerons notre soirée avec nos élus, afin qu’ils comprennent notre désaccord envers cette possible fusion. Non à la disparition de notre belle municipalité. Non à la disparition de Déléage.» Une invitation est par ailleurs lancée aux «contribuables d’Aumond et de Ste- Thérèse. Votre appui est important».
Au dos du dépliant, plusieurs points sont énumérés et sont, selon les auteurs, autant de «raisons de dire non à la fusion». Il y est question notamment de l’endettement de Maniwaki. Certains faits sont cependant erronés, notamment qu’il y aurait 9 ans sans élection après le regroupement ou que l’âge d’or n’aurait plus accès gratuitement à la salle municipale.


































































































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